Interview : Sandrine Kiberlain, meilleure fan du monde ?

kiberlainSacrée Meilleure Actrice cette année aux César grâce à son rôle dans la comédie « Neuf mois ferme », Sandrine Kiberlain pourrait bien réaliser un doublée grâce à sa prestation dans « Elle l’adore », en salles ce mercredi. Devant la caméra de Jeanne Herry, la fille de Miou Miou et Julien Clerc, elle étincelle dans la peau d’une fan mythomane et volubile capable d’actes inconsidérés pour sauver les fesses de son chanteur préféré (Laurent Lafitte). Sur une terrasse parisienne ensoleillée, la comédienne raconte son coup de cœur pour ce long métrage qui devrait remplir salles de cinéma.

Avez-vous hésité avant d’accepter ce rôle d’admiratrice éperdue ?

Non, c’était OK direct ! D’ordinaire, quand j’hésite, je n’y vais pas. Pour Elle l’adore, j’ai n’ai eu aucun doute sur l’histoire, que j’ai trouvée géniale, et sur mon personnage, qui est formidable à jouer. A la lecture du scénario, j’étais complètement prise par les mécanismes narratifs.

Muriel, votre personnage, n’est pas non plus l’hystéro de service comme on en rencontre à la pelle…

Parfaitement ! Elle n’est pas flippante, menaçante, intrusive et seule comme peuvent l’être les fans dans les autres films. C’est une héroïne drôle, attachante, avec qui on est en empathie. Elle aime la modestie de son existence, certes ternie par le fait qu’elle n’ait pas la garde de ses enfants. Au final, elle vit avec les chansons de son idole et s’identifie aux paroles. Et quand il tape à sa porte pour lui demander un gros service, elle va très loin pour lui mais aussi pour elle-même car elle a besoin de se prouver qu’elle peut être courageuse…

Elle l’adore : Photo Sandrine KiberlainC’est Laurent Lafitte qui campe le chanteur de ces dames. Et ça fait des étincelles !

Oui, l’alchimie a été immédiate même si on n’a pas tant de scènes ensemble. Nos face-à-face sont précieux car avec ils renferment à chaque fois un enjeu très fort. Je n’ai jamais douté d’être la fan de ce chanteur-là.

Avez-vous déjà été folle d’un chanteur ou d’une chanteuse ?

Je n’ai pas d’idole car ce n’est pas dans ma nature d’idéaliser les gens. J’ignore ce qu’on fait avec les photos que je dédicace. Pour moi, c’est énigmatique encore. J’ai en revanche de l’admiration pour beaucoup d’artistes qui ont changé ma vie à cause d’une chanson, qui ont mis des mots sur les choses que j’aurais voulu dire comme Barbara par exemple. Adolescente, j’avais l’impression qu’elle me comprenait.

A l’inverse, avez-vous déjà eu un aficionado encombrant ?

Non, je n’ai pas les mêmes fans que Patrick Bruel, Gad Elmaleh ou tous ces gens de scène. Ce sont des stars qui ont un rapport immédiat et privilégié avec le public. On les interpelle sur scène, on les attend à la fin des concerts… Le fanatisme vis-à-vis d’un chanteur n’est pas le même que pour un acteur. On attend Johnny en bas de chez lui parce qu’on a le droit, c’est notre chanteur, on paye la place, on va le voir… Les vedettes du cinéma sont rarement au contact de leurs admirateurs, à l’exception des avant-premières. Nous sommes protégés par les films et les rôles… Quand on m’aborde dans la rue, c’est souvent pour me parler respectueusement d’un rôle. Je serai mal à l’aise dans une familiarité plus grande. (Réflexion) On a la célébrité qu’on veut avoir.

Elle l’adore : Photo Laurent Lafitte, Sandrine KiberlainUn mot sur Jeanne Herry, dont c’est le premier long métrage…

Son film a été difficile à monter car il navigue entre les genres. Souvent, pour financer un projet, on a justement besoin de le placer dans une case alors que le sien n’appartient à aucune famille. Comme me l’a dit quelqu’un à l’issue de la projection, on y rit plus que dans certains films qui sont censés être des comédies. Jeanne est une bonne réalisatrice qui a écrit une très bonne histoire. J’avais vraiment envie que les choses se fassent.

Sinon, c’est comment la vie après un César de la Meilleure Actrice (remporté cette année pour Neuf mois ferme, ndlr) ?

(rires) J’ai été très heureuse et rassurée de voir les gens aller découvrir le film. Le César, c’est la cerise sur le gâteau. Quand on débute dans ce métier, on ne sait pas que ce qui va faire la différence. Au bout de 20 ans, ça fait du bien.

Pour Elle l’adore, pensez-vous en obtenir un second comme beaucoup le prédisent ?

Je trouve le rôle super et j’ai le sentiment que c’est un des trucs que j’ai fait le mieux. Cela dit, deux César de suite, je crois que ça ne s’est jamais vu (rires).

Propos recueillis par Mehdi Omaïs