Critique : White Bird

De Gregg Araki avec Shailene Woodley, Eva Green et Christopher Meloni

La note des Cinévores : 3étoiles

Quatre ans après le déjanté Kaboom, Gregg Araki vous redonne un rancard cinéphilique avec White Bird, l’histoire de Kat, une adolescente des années 80 qui doit gérer ses hormones et la disparition mystérieuse de sa mère. Thriller d’un côté, récit initiatique de l’autre, ce long métrage permet à son réalisateur culte de revenir à ses premiers amours : la période post-punk et les tourments adolescents. Le tout sur fond d’enquête policière et de quête de soi. Car si le film suit le quotidien et les interrogations grandissantes de Kat, l’oiseau blanc du titre n’est autre que sa mère, Eve, qui va venir hanter ses nuits et ponctuer l’entreprise de scènes allant du mysticisme à la fantasmagorie. Araki semble prendre un malin plaisir à mettre en avant les désirs, les angoisses et les questionnements de la mère et de la fille et dépeint ce duo, sans fard, dans toute sa complexité. C’est en cela que White Bird se démarque du reste de sa filmographie… Adapté du roman homonyme de Laura Kasischke, le film s’apparente à un mariage d’une maturité durement acquise et d’un sens de l’esthétique éclatant. Sans jamais se lancer dans la dénonciation ou la critique de mœurs, White Bird dresse le portrait – certes un peu simpliste – d’une époque lointaine et récente à la fois. A coups de musique pop et punk (Depeche Mode, Joy Division, The Cure…), de couleurs incandescentes et de séquences ultra-lucide, Gregg Araki dévoile pour la première fois tout le potentiel érotique de la jeune Shailene Woodley, récemment à l’affiche de Nos étoiles contraires et Divergente. Si celle que l’on appelle déjà « l’étoile montante d’Hollywood » trouve ici un rôle à la mesure de son talent, elle est aidée par une Eva Green au top de sa forme, qui lui donne la réplique à merveille. Sensuelles et taquines, les deux comédiennes concentrent l’attention du spectateur au point d’effacer des seconds rôles de qualité. En dépit d’un manque de fluidité dans ses enchaînements narratifs, on ne peut qu’apprécier l’effort fait sur les dialogues, crus par moments mais toujours porteurs de sens et d’humour. Dans sa volonté d’écorner le cliché de la famille modèle et le culte de la beauté, Gregg Araki signe un film poétique, accessible et réfléchi, aboutissant sur une chute déjà culte en forme d’hommage au Twin Peaks de David Lynch. Un très bon moment !

Wyzman Rajaona

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