Critique : Nos femmes

nosfemmesDe Richard Berry avec Daniel Auteuil, Richard Berry et Thierry Lhermitte

La note des Cinévores : 0étoile

Depuis Mathusalem, les comédies hexagonales – à quelques rares exceptions – ne font plus rire. Pis, elles suscitent un embarras constant, poisseux, suffocant. Ce désagréable sentiment s’est matérialisé avec éclat dans l’une des séquences de Nos Femmes. Aux trois-quarts de ce huis-clos (supposément) comique, le personnage incarné par Richard Berry sort de ses gonds. En effet, afin de prouver à son pote que ses goûts musicaux sont éclectiques, il se met à chanter et à danser grossièrement sur Ma Benz de NTM. Cet instant, d’une lourdeur inqualifiable, constitue à lui seul le point culminant d’une entreprise où quasiment tout va à vau-l’eau. Rappel des faits… Nos Femmes est tiré d’une pièce à succès d’Eric Assous. Laquelle s’est jouée à Paris entre septembre 2013 et février 2014. Richard Berry, qui y campait un des protagonistes, a décidé de la transposer à l’écran pour en faire son cinquième film en qualité de réalisateur. Daniel Auteuil, ayant également participé à ladite aventure théâtrale, a accepté de rempiler pour le cinéma. Enfin, en lieu et place de Didier Flamand, c’est Thierry Lhermitte qui est venu compléter l’équipe. Les trois comédiens incarnent ainsi des amis inséparables bientôt soumis à une véritable tragédie : l’un d’eux a accidentellement tué sa femme… Si le trio a pris un plaisir manifeste à cabotiner, son kiff collectif n’est clairement pas contagieux. Claquemurés dans un grand appartement parisien, Berry, Lhermitte et Auteuil (le seul qui tire sa demi-épingle du jeu) multiplient les mimiques datées, débitant sans aucun relief leurs dialogues indigents. Impossible dès lors d’être en empathie avec eux et de survivre à leur logorrhée. Souffrant par ailleurs d’une dynamique de théâtre filmé, ce récit visant à interroger les racines profondes de l’amitié ne dépasse jamais les frontières de sa propre ringardise. Et pourtant, avec un peu plus de subtilité dans l’écriture et le jeu, il y avait matière à faire mouche…

Mehdi Omaïs