Critique : Le potager de mon grand-père

De Martin Esposito

La note des Cinévores : 3étoiles

A l’heure où les pesticides qui pullulent dans les fruits et légumes sont en passe de nous transformer en créatures de science-fiction, quoi de plus sain que de tâter la terre fertile du Potager de mon grand-père ? Trois ans après nous avoir plongés dans une décharge à ciel ouvert avec Super Trash, le documentariste Martin Esposito propose cette fois de nous présenter son papy, sur lequel il pose sa caméra le temps d’une caresse affectueuse. A 85 ans, cet homme attachant, récemment veuf, ne rêve que d’une chose : transmettre à son petit-fils sa « façon de cultiver ». Lequel se demande : « Et si on revenait à la source avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’ils ne partent ? » Le « ils » en question évoque, comme vous l’aurez compris, les grands-parents, ces trésors inépuisables. C’est cette interrogation universelle qui a poussé le cinéaste à se lancer dans ce délicat travail de consignation. Le but ici, à travers les images modestement réunies, est d’apprendre des générations passées, de lire dans les précieuses histoires qui se cachent sous les rides, de mieux comprendre le monde et ses miracles… à l’instar de ces tomates rouges que l’on cueille comme des rubis. Pendant une année, Martin Esposito a donc suivi le vieil homme à la semelle, immortalisant son quotidien, donnant à ses gestes routiniers toute leur noblesse. De ce terreau fécond pousse, tel un légume magique, la notion de respect. Celui d’un cultivateur à sa terre. D’un homme à son corps, à qui il convient de prendre soin avec des produits salubres. D’un petit-fils à son grand-père (et à sa mémoire vive). De tiges en tubercules se profile ainsi un cercle vertueux autour duquel le spectateur gravitera volontiers. Sans être le documentaire du siècle, Le potager de mon grand-père, au-delà de l’hommage touchant qu’il exhale, a cela de magique qu’il réveille les consciences. Il donne envie, avec toute la chaleur humaine du monde, de se reconnecter avec ses racines, de tendre l’oreille et de profiter, pendant qu’il est encore possible, de ses proches. Par les temps moroses qui courent, ne vous refusez pas l’opportunité de pousser ce joli enclos. L’herbe y est verte. Et si naturelle.

Mehdi Omaïs

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