Critique : Balade entre les tombes

De Scott Frank avec Liam Neeson, Dan Stevens et Boyd Holbrook

La note des Cinévores : 1étoile

Il y a bel et bien eu un avant et un après Taken pour le grand et taciturne Liam Neeson. Jadis audacieux dans ses choix artistiques, le comédien américano-britannique de 62 ans est devenu en quelques années la coqueluche inattendue du cinéma d’action. A tel point qu’il doit faire partie, sans nul doute, du premier choix des directeurs de casting quand il est question de faire vivre un flic taiseux au passé trouble. Comme dans son nouveau film Balade entre les tombes, par exemple. Là encore, il se glisse avec l’aplomb d’un koala narcoleptique sous les traits de Matt Scuder, personnage récurrent dans l’œuvre littéraire de Lawrence Block. Homme renfrogné ou déprimé (selon l’inclinaison du sourcil gauche), recalé social, souffrant de solipsisme aigu, ex policier reconverti en détective privé, Scuder fait fi de l’ordre établi et accepte des missions périlleuses que seuls les êtres cabossés de son acabit sont capables de relever. La dernière ? Retrouver les violents assassins de la femme d’un trafiquant de drogue. Énième œuvre dont l’action se situe dans les bas-fonds de New York, là où n’errent que les âmes noires et accablées, Balade entre les tombes de Scott Frank (scénariste de Hors d’atteinte ou Minority Report) ferait – sans ironie aucune – un très bon téléfilm de troisième partie de soirée dans une chaîne câblée friande de polars recyclés. Loin d’être indigne dans la forme comme dans le fond, le résultat agace tout de même par l’extrême paresse de son scénario et de sa mise en scène. Les actions se succèdent à un rythme asthénique devant une caméra mollassonne et jamais inspirée. Nul autre choix alors que d’attendre les pan-pan des flingues, les crissements des pneus, les dialogues insipides des gens à qui on ne la fait pas à l’envers, les gnons qui pètent les os, les démarches fantomatiques en longs manteaux et la pluie sevenesque, ect… avant que la satanée boucle ne soit bouclée. Quand les lumières rallumeront, notez que toute spectaculaire impression de déjà-voouuu (comme diraient les ricains) est nullement fortuite. Pas la peine de consulter.

Mehdi Omaïs